"Être et Servir"

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1. MOTIVATION

En Alsace et en Moselle de très nombreux chorals ont marqué la vie spirituelle des fidèles, formé leur conscience et nourri leur piété. Ces chorals vont-ils être perdus faute de versions en français? De nombreux pays tels que la Hongrie, les Pays-Bas, la Finlande, etc. ont su produire des versions rendant la substance des originaux. Ces versions constituent des liens non négligeables entre nombre d’Eglises de langues diverses en Europe et au-delà, et un témoignage de ce que l’Esprit de Pentecôte est capable de réaliser pour le rapprochement des consciences. Les textes sur ce site se proposent d’être une contribution dans ce sens et de répondre ainsi à une attente de longue date.

2. DEFINITION du CHORAL

Le choral est tout chant que le «chœur»et le soliste avait la charge d’exécuter durant le Service Dominical et les divers offices paroissiaux. Il désignait le chant à l’unisson. Au 16è siècle, favorisé par l’imprimerie et la réformation, se développa parallèlement le choral plus simple et métrique que l’assemblée pouvait faire sien. Les chorals englobent de ce fait les psaumes surtout métriques, et les cantiques bibliques, des hymnes (louanges avec prières en «nous»), des chants didactiques, méditatifs ou d’exhortation, et toute production digne d’être chantée «devant Dieu» à l’unisson ou en polyphonie, accompagnée ou a cappella. Dès le 10è siècle, les chorals métriques rimés commencent à apparaître dans des offices populaires où ils gagnaient la faveur du peuple. Au 13è s. le chant métrique avec rimes se propage largement et prépare la vogue du Nouvel Art.

3. Les ORIGINAUX

Ils se trouvent pour l’essentiel contenus dans:
(1) le RA (Recueil Alsacien) édité à Strasbourg en 1952 (7è éd. en 1980) et son Supplément de 1955(RAS). Ce «Recueil de cantiques de l’ECAAL(Eglise Confession d'Augsbourg en Alsace-Lorraine)» a aussi servi à l’ERAL(Eglise Réformée en AL); elles sont désormais unies dans l'UEPAL(Eglise Protestante en AL). Ce recueil, très riche, reste fort précieux pour l'héritage alsacien en textes et en mélodies et aussi pour une sélection [très incomplète] de chants «liturgiques» en chiffres rouges [avant la partie principale en chiffres noirs du RA]. Je les complète par quelques autres qui avaient cours! Pour une raison technique je place la plupart sous la colonne du EG. Il m'a semblé bon de les revoir en fonction de mes recherches.
(2) le EG (Evangelisches Gesangbuch),1995 avec un Supplément propre à l’Alsace-Moselle et au Pays de Bade.
(3) D' autres textes, traduits (ou revus) sont insérés à des numéros du RA ou du EG suivis d' un point et du chiffre 1,2,3, ou à la fin des 2 colonnes(RA;EG). Des indications renvoient aux textes originaux, aux mél. et à des N° dans d' autres éd.: L&P; Bärenreiter Verlag,Bâle; ALLéluia (éds. Olivétan, 2005); GL (Gotteslob); The Church Hymnary;etc.

4. ORIGINE DE CE TRAVAIL

Il fut commencé sous l’impulsion de la commission régionale de Strasbourg que la Commission d’Hymnologie de la FPF invita vers 1974 à faire des « textes de type littéral » proches des originaux. Nombre de textes remontent pour l'essentiel aux années 1973 à 1993.

5. CHANT ALTERNE et CHANT RESPONSORIAL

Pour diversifier le chant et le rendre vivant et plus fluide, la plupart des chorals sont pourvus des signes: / ou + ou: (+). Ils permettent la pratique de l’alternance à: / et de la jonction à: + à l’ intérieur des strophes. Le signe (+) laisse le choix d' une autre possibilité. Ces signes permettent d' éviter la monotonie et d'introduire un changement de timbre et d’intensité vocale. Ils permettent un chant diversifié plus riche. Pour cela il suffit d'avoir, outre l’organiste, un soliste ou deux petits chœurs de timbre différent, mais naturellement présents dans les femmes et les hommes de l'Assemblée locale. Un groupe choral, même modeste, devrait pouvoir exister dans chaque église paroissiale pour relever la qualité du chant. L'alternance conduit à une belle diversité grâce au chant alterné (dit aussi: antiphoné) et de plus, grâce au chant responsorial, où les deux groupes constitutifs peuvent s'unir pour se faire entendre ensemble au moyen d'un REFRAIN commun. L'exemple nous est donné dans le Ps.136 où le Refrain est repris dans chaque verset dans sa seconde partie: «car sa fidélité dure à toujours». Dans le Psautier Français du 16è s. il prend la fome d'un couplet pour un besoin de rime: «Sa bonté dure à toujours ,éternel est son amour».
L'autre exemple très significatif se trouve dans Ex.15,1-19: le Refrain (v.20-21) est chanté par le peuple: «Myriam, la soeur d'Aaron prit en main son tambourin; toutes les femmes sortirent à sa suite, dansant et jouant du tanbourin. Et Myriam leur entonna: Chantez le SEIGNEUR, il a fait un coup d'éclat. Cheval et cavalier, en mer il les jeta!»(Ex.15,21-21). Ce refrain 'est la reprise d' Ex.15,1b où «avec les fils d'Israël Moïse chanta ce cantique au SEIGNEUR». Dans le psautier, l'invitation: «Alléluia!» est placé au début et à la fin des Ps. 111; 112; 113; 135; 146-150, ce qui invite à le reprendre après chaque verset. Dans les recueils RA et EG il y a des chants dont les strophes se terminent par un, ou même deux ou trois alléluias( RA 98; 22; 110; EG 103; 110). Voir aussi les refrains dans EG 401; 131; 508; 559; 530.1-7; RA 353; 22; 99; 131; 377; 486.1-7; 377. Ce sont des refrains-antiennes qui peuvent être chantés dès le début comme dans Ex.15 et comme l'alléluia ci-devant et puis après chaque strophe. L'assemblée peut s' y mettre davantage à l'écoute et se reposer tout en guettant l'instant du refrain. Il est bien sûr loisible de pratiquer la double possibilité d'alterner et de s'associer ensemble pour le refrain.

MISE EN OEUVRE:
(1) Il est donc possible d'antiphoner des chorals et des psaumes au moyen du chant. Ce qui aurait pu mettre sur le chemin de l'alternance est la longueur de nombreux psaumes français au 16è s. Par la suite, en Suisse et ailleurs des poètes et musiciens se décident à créer des strophes plus courtes.. Or le 16è s. était aussi l' époque, où la polyphonie vocale et instrumentale prit son essor, de sorte qu'on négligea le chant à une voix. On constate l'édition de nombreux recueils à 4 voix en vue de la polyphonie de gens cultivés. Pour satisfaire choristes et fidèles sensibles au beau, on inséra des pauses de respiration dans les mélodies, ce qui rendit le chant plus lourd et plus difficile! Dans l'emploi de mélodies de psaumes dans le RA les pauses ajoutées ne sont pas reproduites! Les pauses se situent souvent là où l'alternance les aurait rendues superflues! Ajoutons que la reprise de la mélodie d'un vers ou du premier couplet ou du premier tercet peut être interprétée comme une invitation à l'alternance, ce que souvent je signale par le signe: :|] . Il indique une reprise de la mélodie avec un texte différent. La répétition du ton ou du mode d'une strophe à l'autre rappelle le principe de la psalmodie antique et aussi celui du chant modal: Divers modes se retrouvent dans les psaumes du 16è s. [voir: le Psautier français,les 150 psaumes versifiés en fr. contemporain du 16è s. 1995 ISBN 2-9O2916-26-7]
(2) Des poètes, poussés par une profonde piété et leur propre culture poétique, avaient fait des oeuvres remarquables en s'appuyant sur des mètres divers et sur les rimes. Et des musiciens de talent ont su s'adapter à l'art des poètes en proposant leurs compositions pour le chant. Ce qui vaut pour le psautier français s'applique aussi au choral et à ce que d' autres pays ont su produire.
(3) Rien ne vaut la portée de musique avec notes. Mais comment aider des gens qui n'ont pas appris la musique pour leur faciliter la participation? Après réflexion et essais j'ai imaginé un système suggestif de signes rythmiques simples valables pour des textes à base de noires: Ces signes sont: ° la blanche; ' la croche; '' la double croche; le point . qui prolonge une note (ou un silence) de sa moitié; '-' indique une liaison entre deux croches; °° indique une ronde. Je les utilise le moins possible pour ne pas encombrer le texte, mais je les mets avec le titre allemand pour faciliter la reconnaissance de la mlodie sans recourir au recueil. A défaut de portée pour la notation musicale, j'ai encore recours à un autre pis-aller: écrire les notes en lettres: do ré mi etc... et le cas échéant les munir du b(bémol) ou du #(dièze) et même par-ci par là de signes rythmiques. Dans la mesure du possible je sépare textes et notes.
(4) AVANTAGES:- L'Alternance favorise l'attention en créant des repos où le chant est pris en charge par l'autre choeur ou par le soliste ou le groupe choral selon les possibilités locales. - L'alternance crée des ouvertures qui dissipent monotonie et ennui et invitent à la coopération mutuelle. Il va sans dire que des choristes ont plus de facilités que les chanteurs de l'assemblée. - L'alternance invite à s'écouter mutuellement, ne serait-ce que pour mieux guetter l'instant de la relève. - L'avantage le plus considérable consiste à empêcher l'essoufflement des chanteurs et l' épuisement de leurs voix. - L'alternance permet en outre la suppression des pauses de respiration surajoutées à la fin des vers, des couplets ou tercets: ces pauses sont comme de petites gares ralentissant le trafic et engendrant ennui, fatigue et lassitude. Le mouvement régulier et continu dans le déroulement du chant favorise le plaisir de chanter. L'alternance constitue un moyen qui ne recule pas devant un nombre de strophes plus grand ni devant la fatigue, ce qu'on peut avantageusement exploiter dans les offices de prières où les chants et les divers éléments sont en principe conçus pour aboutir à une brève prière-collecte(collecta) ou à un autre élément de prière dit ou chanté. - La pratique de l'alternance est avantageuse quand le chant doit pouvoir se prolonger, lors de la prolongation de l'offrande, de la communion ou d'une attente imprévue. - Notons aussi l'intérêt pédagogique pour faciliter l'apprentissage d'un chant et pour réduire l' effort d'une assemblée qui peine devant une tâche trop dure. Chanter ne doit pas devenir un pensum, mais être une joie invitant à l'accroître.

Remarques:
a) Se garder avec beaucoup de discernement de tout excès et abus. Ordre et discipline relèvent de la responsabilité et de la compétence pastorale du dirigeant: celui-ci ne peut en aucun cas réduire sa haute fonction à celle d'un acteur sur scène devant de simples spectateurs confortablement assis sur leur siège ou dans leurs bancs.
b) Le psaume et le choral, peuvent prendre des fonctions diverses: il convient d'en faire un choix judicieux et aussi des strophes selon les besoins: déplacement, repos, méditation, exhortation, instruction. Le choral s'étend davantage aux hymnes, dans les offices particuliers.
c) Pour la question des attitudes se référer aux indications bibliques. Eviter de réduire l'assemblée à une chorale, car les deux n'ont pas tout à fait la même fonction: la chorale chante en principe debout, pour mieux se donner au chant et se tenir au service de l'assemblée qui, elle, calque ses attitudes sur celles de son dirigeant, toutes les fois qu'il adresse son «nous» au SEIGNEUR! L'assemblée agit conjointement avec lui: pour l'invocation, les prières, intercessions, louanges et hymnes , l'action de grâces, le Notre Père et pour la lecture de l'évangile (par déférence pour Jésus qui vient dans sa condition divine avec le Père et le Saint Esprit invoqués au début. Pendant l'allocution l'assemblée s'assoit.
d) Lors des célébrations de grande solennité, l'assemblée se lève pour l'accueil du dirigeant et de ceux qui l'entourent: conseillers presbytéraux, lecteurs, dignitaires de l'Eglise,etc. Cette civilité a donné lieu dans le Service Dominical au chant d'entrée pour l'accueil du dirigeant et de même à son pendant: le [bref] chant de sortie en guise de respect, quand le dirigeant se retire. Dans les offices, cette civilité n'est en général pas accompagné du chant, mais politesse oblige.
e) Au vu de la passivité des fidèles guère habitués à la participation active, des réformaterurs tels que Luther avaient suggéré de chanter “im vollen Chor”(en choeur plénier) pour mieux amener l'assemblée à chanter. L'évidence montre que le choeur pour cela a souvent rejoint l'Assemblée célébrante dirigée par le pasteur, ou bien il s'est réfugié sur la tribune près de l'orgue. Nul n'ignore que la place du choeur était dans le choeur de l'église où il pouvait se déployer en deux moitiés et se répondre ni forcément debout et ni trop ostensiblemement, mais avec la claire conscience que l'Eglise locale est aussi le Corps du Christ et qu'il comporte de nombreux membres avec diversité de fonctions.

6 . GRANDE DIVERSITE de STRUCTURES

Tout en gardant un certain nombre de psaumes métriques et rimés de 4 vers à 8 pieds, le Psautier français diversifie le nombre de structures (vers de 8, 6 ou 10 pieds, et bien d'autres). Il recourt à la diversité des mètres et des rimes (suivies, croisées, mêlées ou redoublées, tantôt masculines, tantôt féminines.) La diversité de la structure varie aussi selon le choix du rythme et du nombre de pieds dans les vers. Nombreux sont les vers de 6, 7, 8, 10, 12 pieds,etc. Les strophes peuvent comporter 3, 4, 5, 6, 7 ,8 , 9, 10 12 vers ou plus. Dans le choix du nombre de vers et de pieds peuvent intervenir des considérations symboliques des chiffres. Le psautier français du 16è s. a été traduit en allemand, hongrois, néerlandais, c'est dire l'intérêt qu'il a éveillé par son originalité; un certain nombre de mél. se retrouvent naturellement dans le choral. Mon essai de rendre en français un ensemble de chorals m'a rendu attentif à la grande diversité des structures. Il me tient à coeur de les mettre en évidence et de suggérer des manières de les chanter. Bien des chorals ont gardé une structure plus simple, plus linéaire et plus allante. On aurait tort de les négliger ou de vouloir les remplacer par des structures plus complexes et de ce fait plus difficiles à mémoriser. Pour ne pas perdre de vue l'étendue de la grande richesse musicale dans la Bible, il est bon de jeter un clin d'oeil sur la Bible hébraïque.

7. CLIN D'OEIL sur la BIBLE HEBRAÏQUE

Après la destruction du Temple en l'an 70, les massorètes,gardiens de la Tradition(Massorah) de Tibériade stabilisèrent le texte hébreu en y mettant les signes de cantilation (sans doute en usage au Temple? Chr.25) et des voyelles pour faciliter la lecture du texte. Suzanne haïk Vantura, grande musicienne, s'est penchée sur le problème des signes musicaux (dits «te`amim») et, arriva à en redécouvrir le sens longtemps perdu [voir: suzanne haïk vantura, in: la musique de la Bible révélée, Paris; 1976; Robert Dumas, édit. Paris ,4 rue des Abbesses-75018]. C'est une redécouverte capitale pour apprécier l'importance du Temple de Sion et de son rayonnement en son temps. Les Eglises chrétiennes renoncèrent longtemps à utiliser les instruments en usage au Temple, de même le système musical propre à la langue hébraïque. En effet,le livre des Actes enseigne que tous les peuples avec leurs langues sont accrédités par l'Esprit Saint (Ac.2). Or, les Eglises furent fortement influencées par les usages des Synagogues où l'Evangile fut annoncé en priorité(Lc. 4,16; 16-22; Ac 9,20-22; 13,2-5; 19,8-10). De la sorte la cantilation des lectures, des psaumes et des prières fut acquise dès le début du christianisme. A vrai dire, nous savons relativement peu de la cantillation des premiers siècles. Ce n'est que, suite au concile de Nicée (325), semble-t-il, que la psalmodie selon les huit modes s'est répandue dans les Eglises, grâce à l'appui des monastères et suite aussi aux invasions du 4è au milieu du 6è s. qui ébranlèrent toute l'Europe. Il subsiste pourtant, à mon sens, quelques restes des tons anciens.

8. Le CHORAL, un déploiement de la PSALMODIE

La Psalmodie part de versets bibliques, bien avant que la numérotation de ceux-ci n'apparaisse dans les bibles au 16è s. Le verset psalmique se compose en principe de deux vers. C'est ce couple de vers que j' appelle «couplet». Si le premier vers est long, on peut le partager en deux parties à l'aide d'une mini-pause ou mieux d' une inflexion qui peut se dire: flexa ou flexe. Chaque verset prend appui sur une même corde de récitation dont le ton est «tenu» de part et d'autre d'une pause séparant le verset en deux membres (ce ton [main]tenu peut se dire:«le tenor»). Pour atteindre plus facilement cette corde de récitation, on met au début du premier vers un «incipit» en guise de commencement. La corde de récitation, avant la pause du milieu, se termine par une cadence et pareillement le second vers par une cadence finale. Ce couple de vers constitue de fait l'origine du couplet dans le psaume rythmé et tout autant dans le choral. Si l'on subdivise le premier vers par une mini-pause (ou mieux par une flexe) on aboutit en quelque sorte à un verset psalmique à trois membres! C'est l'origine du tercet, par ex. dans le Ps. 36 réemployé dans le Ps 68 B (Que Dieu se montre seulement) dont la mélodie. vient de Strasbourg. En France, en Suisse et ailleurs, on aboutit à un chant très mélodieux sans corde de récitation. c'est une prouesse musicale qui s'inspire d'hymnes très anciens tels que ceux d'Ambroise de Milan(4è s) [RA 12;19;] Caelius Sedulius (5è s) [RA 21;60;] Aurelius Prudentius Clemens(4è s) [RA 313 etc.] et des classiques du Moyen-Âge chantés dans les offices de prières d'où nous viennent bon nombre de chorals(de 4 vers à 8 pieds). Il est bon de se souvenir que les psaumes furent très utilisés dans les offices de prières et par un choix judicieux de versets dans le Service Dominical de Ste Cène (sauf, entre autres, pour le chant lors de la communion). En Angleterre les Morning and Evening prayers (du Book of Common Prayer) sont des offices de prières où cependant les psaumes se chantaient assis, mais non pas les hymnes (En France et de plus dans les assemblées du désert, sans aucun confort, on n'avait guère le choix de faire la différence entre ces deux catégories de chants). En Grande Bretagne on parle de ce fait plus volontiers de «hymnary» (recueil d' hymnes) et en France de recueil de cantiques, car les trois cantiques dans Luc1+2 (de Zacharie le matin, de Marie le soir, et de Siméon] étaient dès l'origine imprimés versifiés à la suite des psaumes. La confusion babélique des termes et du langage dans les diverses langues persiste même en nos temps modernes. Elle conduit souvent à des malentendus qu'il convient de dissiper.

9. PRECISION de quelques TERMES employés

La terminologie varie dans l'histoire et avec les générations qui se suivent sans rester identiques. Le lecteur biblique constate que le texte de Lc.1,43: «la mère de mon Seigneur» devient souvent, dans le langage ambiant et dès avant le 5 è s.: «la mère de Dieu». Cela a favorisé un flou qui s'est reporté sur des expressions terminologiques à mon sens de haute importance. Il convient de relever quelques unes et d' essayer d'en préciser le sens:

(1) «la Divine Liturgie»: C'est la traduction littérale en français de l'expression grecque: «hi thia liturgia». Le même terme existe en anglais: «the Divine Service», et en allemand :«Gottis Dienst » ou «Gottsdienst» dans la Confession d'Augsbourg de 1530. Dans Gottesdienst le mot grec «liturgia» y est rendu par:«Dienst», et en anglais par:«service». A mon sens, en allemand «Gott» est sujet de Dienst comme en grec et en anglais. En français le premier sens de «divin» est: «qui est de Dieu, qui vient de Dieu». En Ac.2,36 Pierre dit à propos de Jésus,que Dieu «l'a fait Seigneur et Christ». Or, Seigneur est le terme lu à la place du Tétragramme JHVH, le Nom de Dieu révélé à Moise, après que Dieu se soit révélé à lui au buisson ardent (Ex.3,13-16). Il en résulte que «divin» désigne Jésus fait Dieu (par Dieu en union avec lui) et que la divine Liturgie désigne sa fonction de Seigneur et de Christ “debout à la droite de Dieu”, selon la vision d' Etienne en Ac 7,55-56. Si l' on ajoute que le dimanche en grec se dit: «Kyriaki»=jour du Seigneur, on est très proche de la conception orthodoxe de la Liturgie selon la règle:«un jour(Kyriaki, le jour du Seigneur, le dimanche), une église, un autel [:la sainte table,] une liturgie». Mais que constate-t-on? Le mot Gottesdienst, tout comme le mot liturgie a perdu sa pécificité technique: elle est délayée dans un grand nombre de célébrations que les orthodoxes refusent d'appeler «liturgies»; il en va de même pour les termes «service» et «Gottesdienst». Ils utilisent le terme:«akolouthia» qui signifie «accompagnement» pour désigner les autres célébrations. Autrefois en France et en Suisse on employait l'expression:«manière de célébrer» pour des événements tels que le mariage, l'enterrement, et même le baptême;etc. Faut-il que le laisser-aller dans le langage rime avec modernité? Bref, l'expression la plus pertinente et la plus adéquate en français me semble être:«le Service Dominical», moins dans le sens second de «dimanche» que dans le sens: «le Service du Seigneur», où le Seigneur est sujet: Cela me fait retrouver le terme employé ci-dessus par Luc 1,43. Cette expression,(à part le terme «culte»,) est proche de ce qu'on trouve dans Arc-en-CIEL(1988 et 1994): «Le Culte Dominical»,à la fin du recueil [ISBN 2-902916-17-6]

(2) le terme «culte» et son origine: Pour la Diète d' Augsbourg de 1530 Philipp Melanchthon (alias: Schwarzerd, très grand érudit,) fut chargé par ses collègues de préparer pour l'empereur Charles Quint le texte latin officiel, et en plus une version en allemand.[voir: la Confession d'Augsbourg 1530 Ed. luth.Paris-Strasbg.1949 triglotte avec une trad. en fr.] Ce document capital présenté à l'empereur devant la haute Assemblée du «St.Empire» résume la position de l'aile «protestante »(evangelische Seite) de l'Eglise Occidentale d'alors. En parlant de la «messe», élément essentiel qui sur le plan de l'usage et de la discipline fut l'objet d'abus et d'un litige entre les théolgiens de l'époque, Mélanchthon, pour ne froisser personne, dans un respect mutuel nécessaire à tout vrai dialogue, évita le terme litigieux dans le texte latin et le remplaça par celui plus général de «cultus» qui l'impliquait évidemment. Dans la version allemande qui fut lue par le chancelier Bruck, il est rendu par «Gottsdienst» Or, c'est le texte latin qui arriva dans les autres pays par leurs universités (France, Belgique, Angleterre, etc), ce qui donna lieu à y répandre le terme «cultus»: «culte» en français et son correspondant «worship» en anglais. Dans le texte allemand «cultus» est rendu par «Gottsdienst» littéralement: «Service» de Dieu, Dieu y étant sujet. Il convient de se souvenir que Jésus, le Christ, assume une triple fonction: 1) prophétique à la suite de Moïse et des prophètes; 2) royale à la suite de David et de Salomon; et 3) sacerdotale à la suite du Grand'prêtre Aaron et de ses successeurs au Temple, mais Jésus l'assume à la droite de Dieu, au plus haut degré pour toujours! La fonction sacerdotale du Christ est développée par l'ép. aux Hébreux (8.1s et ailleurs). Ainsi l'évangéliste Luc dans Ac.7.55-56 où le diacre Etienne, à la fin de son discours, fut saisi d'une si vive émotion qu'il n'a plus pu se contenir. Mais son dernier propos exprime sa vision très claire de la fonction sacerdotale de Jésus debout à la droite de Dieu. Elle est même répétée,(comme pour la souligner) dans le propos d'Etienne: «Voici, que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l'Homme debout à la droite de Dieu».

(3) le terme «messe» et son origine: Luther, malgré ses critiques n'a pas rejeté le terme missa (dans: «Formula Missae et communionis» pour l'Eglise de Wittemberg,1523) [texte et traduction chez Yves Kéler Le Culte,2006, p.292s]: il l'a même repris dans sa «Deudsche Messe und Ordnung Gottis Diensts» (la messe allemande,1526) [texte et trad. chez Y.Kéler,Le Culte, p.301s]. Luther y fit des propositions significatives. Le souci de dialogue oecuménique conduit parfois à parler en Allemagne de «evangelische Messe». Dans son choix du terme «cultus», Mélanchthon ne s'accroche pas à l'expression «Ite.Missa est» qui peut d'ailleurs laisser perplexe. Si l'expression signifie: Allez,c'est le renvoi!,elle constitue un double inhabituel et lourd. Comme la langue à Rome a d'abord été le grec, on voit mal à quoi cela pouvait y correspondre. Or, le peuple a pu comprendre «missa est» comme: «c'est la messe». Mais «Missa est» (participe passif féminin de mitto: envoyer /renvoyer) peut,à mon sens, soulever la question: Quel mot grec féminin a bien pu avoir été employé à l'origine? Etait-ce «eucharistia» employée par Justin Martyr à Rome au 2è s. dans son Apologie,65-66 écrit en grec? Il y utilise le terme: eucharistia pour désigner à la fois l'action de grâces consécratoire et la nourriture consacrée qui était aussitôt envoyée aux absents après le renvoi! L'original grec de la formule étant perdu, on ne peut que se perdre en conjectures. Il se peut même que le terme grec: eucharistia ait été omis en latin, et ait ainsi favorisé une formule double bien étrange, générant par la suite un terme tout nouveau à Rome et dans le monde (GP).

(4) L' office de prière et les offices en général: Je note que Le Petit. Robert explique sous office I.1. Fonction que l'on doit remplir,charge dont on doit s'acquitter, etc. et II.1.office (divin): ensemble des prières réparties aux heures de la journée. et 2. Toute cérémonie du culte. J'en conclus aussi que «office» peut se dire de toute célébration cultuelle et en particulier des offices de prières. Je n'ignore pas que les mots: office, service, culte avec l'adjectif: divin comme épithète étaient compris (le sont -ils encore?) dans le sens: «qui est dû à Dieu»; mais je retiens que le Service Dominical avec ses deux pôles:le Service de la Parole et le Service Eucharistique, a une place primordiale à part. Les offices de prières,[ officiels ou privés ], du Matin et du Soir; Morgen- und Abendgebet; Morning and Evening prayers (du Book of Common Prayer); les offices lors d'une rencontre ou d'une retraite, ne sont pas le culte principal, mais des offices de prières. On peut les mettre en rapport avec l'usage de l'office israélite dit: «tephillâh» (prière,office), du matin et de l'après-midi, mais assez éloigné du coucher du soleil, qui constitue le début du jour suivant. La prière ou l'office aussitôt après le coucher du soleil fait déjà partie du jour suivant (Gn.1,5. 8. 13. 19. 23. 31).

En CONCLUSION

Cet «Avant-Propos avec Réflexions» peut apporter des lumières et ouvrir des perspectives intéressantess. J'en tiens compte dans mon travail soucieux des besoins du Culte: les psaumes et autres chorals y constituent des composants précieux de très grande utilité.J'ajoute par-ci par-là de brèves réflexions et même de rares termes techniques pour qui veut s' ouvrir à la recherche. Des détails linguistiques, exégétiques, théologiques ou autres ne devraient gêner personne et ni mon souci pédagogique de dégager la structure de chorals là où il convient de chanter “in vollem Chor”, tous ensemble, tout en restant prioritairement Assemblée. Les signes dégageant la structure (/ + R.) qui sont de trop sur une copie peuvent facilement être supprimés avec un peu de tipp-ex. Mes propos se veulent ouverts pour informer et servir en toute modestie et le plus objectivement possible.

A ceux qui m'ont entouré et instruit, maîtres et professeurs et à ceux que Dieu a mis sur mon chemin, j'exprime ici ma vive reconnaissance. Je ne peux oublier Dieu à qui je rends grâces pour la vie, les occasions, les moyens, les rencontres, le courage et l'application qu'Il m'a donnés.

Sensible à toute suggestion pertinente pour une amélioration judcieuse, je sais l'apprécier avec joie et .reconnaissance. On peut recourir à : «Contactez -moi».


Georges Pfalzgraf

 
   
           
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